La Fête nationale du Québec à Montréal -
Je me souviens!
Aux origines du défilé
Parade de la Saint-Jean-Baptiste, 1932. Archives nationales du Québec à Montréal, fonds Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal (P82). Photographe non identifié.
Désormais un des éléments incontournables des célébrations du 24 juin, le défilé de la Fête nationale est un événement d’envergure depuis près de 200 ans. On mentionne pour la première fois une procession organisée à Montréal dans le cadre de la Saint-Jean-Baptiste en 1843 : le journal La Minerve décrit alors un cortège circulant dans la rue Notre-Dame et comprenant le maire de Montréal, accompagné de nombreux membres de l’Association de la tempérance et d’un important groupe de citoyens. Une bannière peinte à l’effigie de saint Jean-Baptiste attire les regards!
Les défilés vont graduellement prendre une ampleur considérable. Dès 1874, les processions de la Fête nationale incluent désormais de nombreux chars allégoriques, dont les décorations rivalisent d’originalité. En 1915, un défilé sur le mont Royal comporte 200 automobiles, une première! Véritables miroirs de leur époque, ces événements témoignent aussi de la foisonnante créativité montréalaise.
En savoir plus
La Fête nationale, célébrée comme telle pour la première fois en 1834 lors du banquet donné par Ludger Duvernay, est mise sur pause pendant les rébellions des patriotes de 1837-1838. Au début des années 1840, cependant, la fête renaît avec une nouvelle tradition qui perdure encore aujourd’hui : le défilé de la Saint-Jean-Baptiste.
À Montréal, la première de ces processions a lieu en 1843, quelques jours après la fondation officielle de l’Association Saint-Jean-Baptiste par Duvernay lui-même. Le 24 juin, la Fête nationale commence par une messe solennelle à laquelle assiste Mgr Ignace Bourget, évêque de Montréal. Le défilé s’organise ensuite sur la rue Notre-Dame: on peut y voir marcher environ 1000 membres de la Société de la tempérance, accompagnés de musiciens et d’un groupe de citoyens ayant assisté à la messe.
Le premier défilé se déroule dans un contexte particulier : le mouvement de la tempérance, qui identifie la consommation d’alcool comme à l’origine d’un bon nombre de problèmes sociaux, bat son plein au Québec. L’Église catholique, désireuse de voir la paix sociale et la solidarité revenir après les troubles des années 1830, gagne en pouvoir et en influence. Mgr Bourget s’impose aussi comme figure marquante de l’époque. Pour lui, le Canadien-français idéal travaille la terre et s’impose comme gardien de la morale et de la tempérance. Une bannière du défilé, représentant d’un côté saint Jean-Baptiste et de l’autre, un cultivateur canadien entouré de gerbes et de branches d’érables, présente cette image idéalisée on ne peut plus clairement !
Ces premiers défilés, plus modestes, vont être suivis par des événements de plus grande envergure. En 1845, l’auteur d’un article du journal La Minerve reconnaît les nombreux défis qui viennent avec l’organisation de ces processions, mais reste confiant que le défilé va devenir de plus en plus impressionnant avec les années. Il note :
« La procession de cette année toute belle qu’elle ait parue, n’est pour nous qu’un essai. Il faut du temps et une organisation bien complète pour préparer le déploiement de masses nombreuses. Attendons un an encore, même plusieurs années et nos compatriotes de toutes les parties du pays jugeront jusqu’à quel point, l’esprit d’ordre, le goût des arts et la présence des plus respectables citoyens peut embellir une procession et ajouter à la solennité de notre fête nationale. »
Véritables miroirs de leur époque et rivalisant chaque année de créativité, les défilés vont devenir un véritable incontournable de la Fête nationale.
LE SAVIEZ-VOUS?
Dès les tout premiers défilés de la Saint-Jean-Baptiste, le maire de Montréal prend part à la marche ! Au 19e siècle, c’est souvent lui qui, entouré d’autres dignitaires, ferme la procession. Cette tradition ancienne se perpétue jusqu’au 21e siècle, alors que politiciennes et politiciens de différents horizons sont présents lors du Défilé du 24 juin. La Ville participe aussi de près ou de loin à l’élaboration des festivités depuis ses toutes premières éditions.