vous présente
Une rue dans tes oreilles
La grande fête
Réconciliés à tout jamais…
Il y a pas si longtemps
Saint-Denis se démarquait à peine
De Pompéi
Tellement la brume nous menait
À craindre demain et à revivre déjà aujourd’hui.
Il y a pas si longtemps
Quelque chose devait arriver.
Une invasion
Un solo de triangle
Une résurrection.
Il fallait à tout le moins changer le monde
Parce que le monde était pas né pour ça.
C’est alors qu’on a entendu un hurlement
Qui provenait d’un balcon, du trottoir ou de la rue
D’une fille ou d’un garçon, c’était celui d’un enfant.
Il faut savoir que Saint-Denis s’était ennuyé
Des collisions de téléphomanes errants sur ses trottoirs
Des têtes de vainqueurs à la sortie des bars
Et des spontanés qui nous rappelaient la préhistoire.
Il faut savoir que Saint-Denis s’était ennuyé de nous revoir.
Et voilà qu’au milieu de la mêlée, les enfants et les tambours
Se sont remis à se faire la cour.
Dans la rue, se sont précipitées
Parades
Charades
Et accolades.
Même dans le ciel rabat-joie
S’est produit une sorte de coup d’État.
Dans l’été
Nos mains frileuses se sont jetées
Sur les cheveux des filles, les joues des enfants et les épaules des hommes.
Nos bouches ont retrouvé une langue.
Certains se sont mis à chanter
À sauter
D’autres à pleurer.
Il faut savoir qu’ils avaient arrêté d’y croire.
On leur a donc montré le carnaval surmonté d’un cirque installé sur le dos d’un brachiosaure
Et on a mangé
Et on a bu
Et on a tapé du pied
Tant qu’on a pu.
C’est à ce moment qu’on a regardé l’heure. C’était encore aujourd’hui
Alors on a dessiné sur les murs
Des millions d’espoirs pour le nouveau pays.
Quand le soleil s’est couché
Et qu’on s’est essoufflés
Certains sont rentrés à la maison
D’autres sont restés comme pour retenir la saison.
Sur toutes les lèvres dégourdies
On lisait aujourd’hui
Et si on portait attention
On pouvait apercevoir dans la nuit quelques aventuriers
Escalader les pignons pour en silence nous observer.
Nous pouvions enfin nous reposer.
Les poètes avaient retrouvé leurs crayons.